Je vous propose aujourd'hui de faire un détour par les
Caryophyllaceae et de nous laisser éblouir par le rose intense d'un
Lychnis viscaria. Il indifférera peut-être les puristes qui aiment se pencher sur les délicates miniatures aux floraisons discrètes, mais pour qui veut une rocaille décorative de mai flamboyante et sans souci, il n'y a pas meilleur sujet !
Voici donc le mien, fidèle au poste depuis une douzaine d'années, en cultivar 'Splendens Plena' (qu'on trouve également étiqueté comme 'Flore Pleno') :
Ce n'est pas pour rien que le langage populaire l'a baptisé « viscaire » ou « attrape-mouches » ; En effet ses longues tiges florales comportent sous les nœuds, de larges anneaux bruns, visqueux et collants, sur lesquels il n'est pas rare de voir scotché et immortalisés dans leur élan, fourmis et moucherons ! Regardez ces fameux anneaux :
Je me demande d'ailleurs pourquoi l'évolution a doté la plante de cette caractéristique puisqu'elle n'est pas carnivore
. Peut-être pour empêcher les insectes de grimper en haut des tiges et de porter préjudice aux fleurs ? Mais cela n'empêche pas ceux qui ont des ailes d'y arriver par la voie des airs... Ceci dit, c'est un sujet costaud, et je ne l'ai jamais vu abîmé ou attaqué par quiconque (même pas par les escargots dont certains amateurs se plaignent parfois).
Avant d'exposer ses conditions de culture, j'aimerais vous indiquer (ou vous rappeler) que le genre
Lychnis a récemment fait l'objet d'un reclassement taxinomique, puisqu'il a été absorbé par le genre
Silène (histoire de compliquer un peu nos repères!
). Dommage car le terme «
lychnis » était riche de sens historique. D'après mes recherches, ce mot provient du grec «
lychnos » qui désigne une lampe. En effet, dans l'antiquité, tiges et feuilles de
Lychnis coronaria (vous savez, la coquelourde de nos jardins) étaient utilisées pour fabriquer les mèches des lampes à huile !
Bref, revenons à nos moutons...
Ce
Lychnis Silène est originaire d'Europe et d'Asie occidentale. Un sol ordinaire, pas trop calcaire, avec une exposition au soleil ou à mi-ombre le satisferont totalement (le mien est en plein soleil en toutes saisons).
Pour la fraîcheur du sol, les avis divergent. Beaucoup prétendent qu'il a besoin d'un sol humide (quoique bien drainé). Mes observations m'amènent à une position plus nuancée : Lorsque la plante s'installe la première année, il vaut mieux effectivement garder le sol frais, sinon elle végète le teint terne et le feuillage mou
, en raison de son système racinaire fin et superficiel. Mais dès la deuxième année, elle se débrouille toute seule et ne requiert plus d'attention particulière (un petit arrosage les jours de grosse chaleur aidera tout de même).
Son diamètre s'étend lentement et régulièrement au fil du temps et sa floraison est chaque année plus belle que le fois précédente. Les tiges florales prennent de la hauteur courant avril et les nombreuses fleurs apparaissent en mai au sommet de celles-ci, trônant à 40 cm du sol. Elles sont étagées et pratiquement sans pédoncule. En supprimant les parties défleuries, on peut prolonger la floraison. Et la fleur double de ce cultivar ajoute à l'impression d'abondance.
Le feuillage quant à lui se présente sous la forme d'un coussin assez compact, d'une quinzaine de centimètres de hauteur, qui ne s'étale pas excessivement. (environ 30 centimètres de largeur au bout de quelques années). De toute manière la plante se divise facilement si l'on souhaite créer de plus petits sujets. Les feuilles sont d'un vert franc, elliptiques, plutôt étroites :
Elles naissent au début du printemps lorsque le cocktail fraîcheur/humidité/lumière est idéal, et deviennent plus épaisses et rougeâtres en fin d'automne. Le sujet est semi-persistant et ne se dégarnit jamais totalement l'hiver.
Cette période, froide et peu propice, ne l'inquiète d'ailleurs pas le moins du monde. Il est extrêmement rustique ; Sans protection d'aucune sorte, je ne l'ai jamais vu souffrir ni de la pluie, ni de la neige, ni du gel, ni du vent glacial, ni du brouillard. Ah ! Si seulement toutes nos pensionnaires pouvaient en « prendre de la graine » !!
D'ailleurs, celui-là aussi, a été gratifié de l'Award of Garden Merit de la RHS en 1993.
Et vous, quels sont vos retours d'expérience ?