Je vous propose un mois d'août tout en finesse et en légèreté avec ce grand classique des rocailles et murets :
Erigeron karvinskianus que l'on trouve également sous d'autres appellations :
Erigeron mucronatus, Vittadinia triloba, vergerette de Karvinski, pâquerette des murailles, marguerite folle ; C'est aussi la "mexican daisy" des anglophones.
En effet, le Mexique et plus généralement l'Amérique Centrale constitue le berceau de cette espèce d'
Astéracées. Mais ses facultés d'adaptation lui ont permis de se répandre en Europe, en Asie, et même dans l'Océan Indien où les graines ont atterri après un long voyage par la voie des airs, poussées par les alizés....
En France, par exemple, on le trouve à l'état sauvage dans l'ouest, où il s'est échappé des jardins.
J'aurais pu vous en parler en mai, en juin, en juillet, en septembre ou même en octobre avec la même conviction, car cet infatigable fleurit sans discontinuer et à profusion tout au long de ces mois, ce qui rend bien service au coeur de l'été, lorsque les floraisons se raréfient. Cette ardeur n'est pas si fréquente et mérite bien un coup de chapeau !
Voici le -désormais- traditionnel zoom :
Sa facilité de culture est déconcertante : indifférent à la qualité du sol pourvu qu'il soit bien drainé, il ne réclame que du soleil et se satisfait de la seule eau qui tombe du ciel (je ne l'arrose jamais sauf dans les semaines suivant la plantation, pour faciliter la reprise).
Sa particularité intéressante : porter de petites fleurs (1 cm de diamètre) à la fois blanches, lors du plein épanouissement, et roses, lorsqu'elles fanent. Il en résulte un mélange optique intéressant et plein de fraîcheur
En voici l'image :
Son allure générale est celle d'un dôme d'une trentaine de centimètres de hauteur. Le fleurs, portées par de fines tiges ramifiées mettent beaucoup de vie au jardin à la moindre brise de vent, qui les fait danser au dessus de la touffe comme des papillons.
Bien sûr, il ne s'agit pas de le mettre dans l'alpinum aux côtés de fragiles joyaux des sommets. Vigoureux couvre-sol de croissance rapide, il aurait tôt fait d'étouffer ses voisins
. Son diamètre au coeur de la belle saison peut en effet atteindre 60 à 80 cm sur des touffes de 3/4 ans... Heureusement, on peut le retailler sans dommage aussi souvent que nécessaire.
Et l'hiver, me direz-vous, que se passe-t-il ? Rien de grave ! Ses origines mexicaines le rendent certes un peu frileux. Il est régulièrement présenté comme rustique jusqu'à -10°/ -12 °. Personnellement, je le cultive depuis des années sans protection particulière et sans l'avoir jamais perdu. Je m'abstiens simplement de couper la "tignasse" de branches sèches en fin d'automne, ce qui constitue une excellente protection contre le froid et me permet de retrouver chaque printemps de nouvelles feuilles bien vertes et prometteuses en dessous.
Sa reproduction est sans problème non plus : si le coeur vous en dit, vous pouvez effectuer un semis sous chassis froid en avril/mai. Mais il y a des méthodes plus rapides ! Ouvrez l'oeil
: Les semis spontanés sont assez fréquents (sans être envahissants) à proximité de la plante. De plus, les branches traînantes se marcottent toutes seules et la souche se divise sans difficulté au début du printemps.
Que vous dire encore ? Ah oui ! Erigeron, cela vient du grec "erion" (laine) et "geron" (vieillard). De la laine de vieillard ? ... En fait, cette expression ferait allusion aux aigrettes blanches et soyeuses qui se forment lorsque la fleur fane, comme ceci :
Amusant, non ?
Et enfin ses vertus : dans la pharmacopée mexicaine traditionnelle, cette plante est censée soigner maux de tête et dysenterie.
Voilà donc un basique pas si ordinaire que cela, qui mérite d'être remis sur la sellette de temps à autre, ne trouvez-vous pas ?