Portrait du mois :Teucrium chamaedrys

Penchons-nous ce mois-ci sur Teucrium chamaedrys toute épanouie dans les rocailles de juin.

En voilà une qui a un longue histoire derrière elle, mais qui a récemment été déchue de son trône ... Nous allons y revenir. Mais commençons par le commencement avec quelques images :





A la forme de sa fleur, vous aurez reconnu une Lamiacée. Son nom d'espèce chamaedrys vient du grec khamai (à terre) et drus (chêne) : Autrement dit : chêne nain, prostré, rampant. C'est vrai que ses feuilles dentées ont un petit air de ressemblance avec le chêne ! Regardez :



La mot grec khamai a transité par le latin camedria pour arriver jusqu'à nous sous le nom de germandrée. C'est donc elle que nous rencontrons dans nos jardins sous le nom de "germandrée petit chêne" (Germander pour les anglophones).

Originaire d'Europe, elle affectionne les pelouses, les landes et les milieux pierreux jusqu'à 1 700 mètres d'altitude en sol calcaire.

Elle sait pousser au soleil comme à mi-ombre. C'est une candidate idéale pour la rocaille sèche puisqu'elle affectionne les talus et l'aridité. La preuve : je l'ai laissée vivre sa vie sans une goutte d'eau pendant les deux mois de sécheresse que nous avons connue en avril-mai dernier et elle ne s'en est pas moins trouvée satisfaite de son sort : pas une feuille jaune, pas une branche molle, pas un bourgeon avorté ! Si cette plante a un passé, c'est sûr, elle a aussi un avenir ! En outre, elle est bien rustique l'hiver.

Comme vous l'avez vu sur la première photo, sa forme générale est celle d'une touffe évasée d'une trentaine de centimètres de hauteur et d'une quarantaine de largeur. Ses tiges, ligneuses à la base, rampent sur le sol et se redressent à l'extrémité.

Elle fleurit abondamment en juin (pendant un mois environ). Je la taille ensuite et une seconde floraison (un peu moins riche) apparaît en septembre/octobre. Son feuillage persiste l'hiver mais je procède à une nouvelle taille vers le mois de mars car elle fleurit sur les jeunes tiges.

Sa vigueur nécessite tout de même une petite surveillance : Comme elle drageonne en début de saison, il ne faut pas hésiter à supprimer les rejets indésirables qui pourraient nuire aux timides voisines. On peut d'ailleurs récupérer ces rejets avec quelques racines pour multiplier la plante (on peut également faire des boutures de tiges en fin d'été, qui ne présentent aucune difficulté).

Un petit mot également sur les fleurs, en épis, qui me paraissent mériter un détour : elles sont en effet nettement plus grandes que celles des thyms ou des lavandes (environ 1,3 cm de longueur), d'un joli coloris mauve-rose tendre, sortant d'un calice pourpre très tomenteux, coiffées de 4 étamines qui montent la garde, et visitées par toute une faune bourdonnante et vrombissante Petit zoom:



D'un point de vue historique, voilà bien deux millénaires qu'on l'utilise dans les préparations médicinales ! Elle a tour à tour soigné les fièvres, les estomacs tourmentés, les douleurs abdominales, la goutte. Sans parler de ses propriétés diurétiques, cicatrisantes et détoxifiantes...

De l'Antiquité au Moyen-âge, jusqu'au coffre à médicaments de la Marine royale, on croise et recroise sa route. Et même encore dans les années 80, avec le boom de la phytothérapie, elle a été employée comme amaigrissant.

Mais sa carrière de secouriste semble désormais compromise...Des études ont démontré sa toxicité pour le foie et elle a été retirée du marché...

Cependant... tout n'est pas perdu : Elle reste un ingrédient recherché pour la composition des liqueurs, et notamment celle de notre inimitable chartreuse

Peut-être la cultivez-vous aussi ?

Moi,je l'ai
c'est une petite bouture ,je l'ai planté l'automne dernier en bordure d'une plate-bande en plein soleil.
Elle ne fleurira pas beaucoup cette année mais la touffe grossit.J'ai hate qu'elle soit comme la tienne

Fabuleux article, exactement comme je les affectionne : tout sur la plante pour la botanique et la culture, mais aussi pour la petite histoire .

Elle a des cousines qui poussent naturellement chez moi, et ce sont des plantes qui plaisent aux abeilles. Donc, conclusion habituelle quand je lis un de tes articles : il faudrait que je me procure la plante

Un superbe article, Pollen, sur une plante qui se plairait dans mon jardin mais que je n'arrive pas à trouver !!!

Merci pour ce superbe article , complet, documenté,... bref du travail de PRO

Il existe aussi une variété nanum plus compacte mais malheureusement tout aussi drageonnante!Toutes les deux sont d'apres moi à réserver à des rocailles très...sauvages.

Waoo ! Quel article ! Je me suis régalé.

Je ne le cultive pas …. mais je me demande si je ne vais pas faire un coin avec des plantes mellifères. J’ai l’impression de voir de moins en moins d’abeilles. Au cours de ces dernières semaines, je crois qu’il n’y a pas eu de pollinisation sur mes Mimulus rupicola, et pour une plante annuelle …. ça craint ! Cet après midi, je suis allé faire un tour vers mes Acantholimon, et pas la moindre trace de butineuses…..heuuuu, …. y a des fleurs,…. faudrait que je me renseigne …

Il y a une astuce lorsque l’on veut contenir des plantes … baladeuses. On fait un trou de plantation au delà duquel on ne veut pas que la plante déborde et on le délimite avec de la bordure en plastique souple. On enterre cette bordure jusqu’au ras du sol. Ainsi, elle sera invisible lorsque l’on aura surfacé l’endroit d’ un peu de gravier et l’ensemble restera en place ….. des milliers d’années.

Autre chose, Pollen. Il y a de cela plusieurs années, je me suis cassé les dents avec des semis de Lamiaceae. Quelques succès avec des sauges, sans plus. Depuis, je ne me suis pas trop aventuré dans le semis de cette famille. Ma question ; as tu déjà vu des semis spontanés au pieds de tes Teucrium

pour les abeilles, tu peux aussi voir avec un apiculteur de ton coin et directement acheter une ruche avec essaim : le prix standard est de 50€. Chez moi j'en ai désormais 3...

3 ruches ….. ça te prends combien de temps pour t’en occuper ?

Quand à en installer une ici …… il doit falloir un paquet d’autorisations.

Ici(85) également pas d'abeilles cette année.Heureusement qu'il y a les bourdons pour assurer la fécondation sans quoi nous n'aurions pas de fruits!
J'envisage également l'achat d'une ruchette.
En campagne faut il une autorisation?

Pas d'abeilles ?
Dans mon Ile de France en général, et dans mon clos en particulier, il y en a des centaines ! Des domestiques, des sauvages, des mégachiles, et aussi des bourdons, des guêpes, des frelons, de syrphes et des milliers de petites bestioles, à croire que maintenant, les insectes se plaisent plus en ville que dans les campagnes !!!

Les traitements phytosanitaires répétés des agriculteurs en sont pour quelque peu responsables... J'avais lu que des ruches installées sur des toits de Paris produisaient un excellent miel
Entourée d'arboriculteurs, je n'ai vu aucun oiseau pendant deux ans à notre arrivée et depuis le jardin s'est peu à peu peuplé d'insectes et d'oiseaux matin et soir désormais c'est un véritable concert

Ici, il ne manque que des abeilles. Les autres bestioles sont bien là. Heureusement, d’ailleurs. Il ne me reste plus qu’à leur faire comprendre que c’est mieux d’assurer la pollinisation des arbres fruitiers ou éventuellement de mes plantes, que de s’occuper des fleurs de trèfle. Et c’est pas gagné.

C’est la première fois, cette année, que j’ai vu des abeilles mortes. Pas beaucoup, … mais elles étaient bien raides mortes. Comme je ne crois pas à un suicide collectif suite à la hausse du prix des carburants, je suis bien obligé de penser que les cultivateurs de la région y sont pour quelque chose.
Juste un exemple, il paraît que cela n’a aucun rapport, mais bon ! Je suis admiratif devant leurs champs de blé, maïs, colza…… Pas une mauvaise herbe ….. et moi ….. quand je regarde ma pelouse ........

Il paraît que la cause de la mortalité élevée des abeilles est liée à des facteurs multiples. Çà ! C’est le genre d’excuses que l’on invoque lorsque l’on ne veut pas bouger ses fesses. N’empêche que les lobby fonctionnent bien. Il suffit juste de lire ces quelques lignes extraites d’un article du Monde. Et justement ….. çà parle de colza, et c’est tout récent.

http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/06/17/le-gouvernement-donne-son-feu-vert-a-un-pesticide-redoute-des-apiculteurs_1537257_3244.html#ens_id=1532729

fleurbleue a écrit:

J'avais lu que des ruches installées sur des toits de Paris produisaient un excellent miel

Elles butinent les fleurs des parcs, des balcons, des parterres fleuris, tous les ans des ruches sont ajoutées sur les toits de Paris, les abeilles sont de plus en plus nombreuses et se portent très bien ... malgré la pollution qui ne semble pas du tout les gêner !

sylvaine a écrit:

tous les ans des ruches sont ajoutées sur les toits de Paris, les abeilles sont de plus en plus nombreuses et se portent très bien ... malgré la pollution qui ne semble pas du tout les gêner !

Et les règles de distance avec les habitations? Ici, je pense que c'est interdit à moins de 50m de toute habitation... Alors sur les toits...

fleurbleue a écrit:

Les traitements phytosanitaires répétés des agriculteurs en sont pour quelque peu responsables...

Peut-être, mais j'ai lu que les agriculteurs avaient fortement réduits ("rationnalisé") leur utilisation. Par contre, les particuliers surdosent et sont responsables d'une grande part des contaminations. C'est interpellants. Perso, je trouve scandaleux que la pub soit autorisée pour ce genre de produit (à défaut d'en interdire l'utilisation). A la télé, au printemps, ça fourmille de pub indiquant que pour avoir un beau gazon, il faut y déverser de la chimie... Et bon, je suis pour le bio, mais il semble que le premier effort à faire devrait plutôt être dirigé vers les particuliers (et les collectivités: quand je vois autour de mon travail les ronds jaunes autour de chaque arbre et poteau et les bandes jaunes le long de chaque route, tout ça pour faciliter le travail de la tondeuse, ça me rend malade... Finalement, heureusement que le jardinier est retraité dans 4 ans, on passera à une autre génération, et à d'autres moeurs (enfin, j'espère).

Par contre, concernant l'article du monde, je ne sais que penser. Entre les acariens et les pesticides, difficile de faire le tri. Même si le principe de précaution voudrait que... Mais les OGM, dont certains sont stériles histoire d'en garder le monopole, produisent-ils encore du pollen? Les abeilles ne mourraient-elles pas... de faim? (je pourrais donner l'impression de blaguer, mais n'en arrivera-t-on pas réellement à ce stade...)

acantho a écrit:

3 ruches ….. ça te prends combien de temps pour t’en occuper ?

Quand à en installer une ici …… il doit falloir un paquet d’autorisations.

Je m'en occupe pas... dans l'absolu, si ça ne t'intéresse pas spécialement de récolter du miel, tu peux les laisser faire. Et au pire, si je devais m'y mettre, je mettrais juste des hausses avec des grilles à reine.

Pour les autorisations, j'avoue que je ne me suis pas trop préoccupé du problème. Il faut une déclaration je crois, mais sans particularité si on ne vit pas de ça et donc qu'on a un nombre réduit de ruche. Il y a des règles par rapport aux habitations, mais il semblerait que ça soit par rapport au devant de la ruche (là où s'envolent les abeilles), donc toits et balcons ne posent pas problème. Maintenant, tout le monde est plus ou moins responsable de leur surmortalité : les particuliers français sont des pollueurs hors pairs, et nos agriculteurs sont aussi sur le haut du podium (ya qu'à les voir préparer leurs produits avec des tenues dignes de la recherche spatiale ou du nucléaire...)...

Acantho
Je n'ai jamais vu de semis spontanés au pied du teucrium mais dans ce cas ce serait plutot un avantage:les drageons suffisent amplement!
Pour les sauges il y en a,cela dépend de l'espèce.

Il n'y a pas d'autorisation à demander pour avoir des ruches, par contre, il faut les déclarer en préfecture... comme les tortues

luma a écrit:

Je n'ai jamais vu de semis spontanés au pied du teucrium mais dans ce cas ce serait plutot un avantage:les drageons suffisent amplement!

Je posais la question parce que je me suis déjà frotté avec des semis de Lamiaceae et que le résultat est … plutôt très aléatoire.
En fait, je me demandais si toutes les graines que l’on reçoit de nos associations sont bien arrivées à maturité.

Acantho a écrit :

Citation :

as tu déjà vu des semis spontanés au pieds de tes Teucrium ?

Ma réponse sera la même que celle de Luma. Je n'ai jamais constaté de tels semis jusqu'à présent (mais il est vrai que je retaille rapidement la plante défleurie, ce qui laisse peu de chance aux graines de murir et de tomber au sol).

Par ailleurs tu t'interroges sur les semis aléatoires de Lamiaceae. Il en est une qui se ressème chez moi avec beaucoup de facilité : c'est Nepeta mussinii que je cultive dans sa forme blanche. Lorsque je ne la retaille pas, elle me gratifie d'une multitude de rejetons ! Et comme elle est bien mellifère, les abeilles ne s'en lassent pas ...

Papavert a écrit :

Citation :

J'ai hâte qu'elle soit comme la tienne !

Et bien, pour te donner une idée, la plante présentée ici est en place depuis 5 ans. La première année elle était un peu maigrichonne mais, pour autant que je me souvienne, elle s'est bien étoffée l'année suivante et au bout de 2 ans, ressemblait déjà à ce qu'elle est aujourd'hui.

Quant à toi, Sylvaine, si tu le souhaites, je peux te mettre en route quelques boutures

Merci de ta réponse. Je crois bien que je vais retenter quelques semis l’année prochaine.

En ce moment en vacances à Ax les Thermes, je fais un tour au marché hier et que vois-je ? Teucrium chamaedrys au stand d'un pépiniériste local
Je l'ai acheté avec un gros pot de joubarbes

comme quoi... Bonnes vacances