Vu que cela fait un bail que je n’ai plus présenté de pélargoniums et que j’ai quelques photos en stock, prises cette année, fraîchement triées et classées, j’me suis dit ..... et si j’en présentais une paire ? J'me suis dit ; ben oui, ... et je partage mon opinion.
Alors ! Cette année, mes pélargos ont fleuri assez tard dans la saison. Faut dire que, cultivés par un pseudo-lorrain têtu qui n’a pas voulu exagérément chauffer sa serre ce dernier hiver, ils ont un poil végété en attendant des jours meilleurs. Les « beaux jours » venus, ils ne m’ont pas tenu rigueur de ma rigueur et m’ont gratifiés de belles floraisons.
A commencer par
Pelargonium oblongatum. Un des rares pélargos présentés sur notre bulletin « Plantes de Montagnes », (n°211).
Originaire d’Afrique du Sud, l’aire de répartition de ce pélargo s’étend des frontières d’avec la Namibie au nord, dans le Richtersveld, qui a été récemment classé au patrimoine mondial de l’UNESCO dans le cadre des paysages culturels et botaniques, ( http://whc.unesco.org/fr/list/1265/ ) jusque dans la région de Kamiesberg plus au Sud. On est dans la Province du Cap du Nord, et plus précisément dans le Namaqualand, pays des Nama, dont beaucoup continuent de mener une vie pastorale. C’est une zone de moyenne montagne.
La graine dont est issue la plante que je présente a été collectée près de Komaggas, une petite bourgade située au milieu de ces 2 extrêmes.
Voici une carte permettant de mieux situer ces lieux.
C’est un endroit où il ne pleut pas beaucoup. 150 à 200 mm de précipitations annuelles à tout casser. Seulement en hiver. Et encore, 11 jours en moyenne répartis sur la période de mars à octobre. Ben oui ..... Je sais ...
Charles Craib, spécialiste des plantes d’Afrique du Sud et afficionados des
Geraniaceae, a observé de plus près les
Pelargonium oblongatum dans cette région de Komaggas.
Il les a trouvés en petites colonies sur des corniches de falaises ou tout à côté de celles-ci sur des pentes très raides, entre de gros rochers ou à l’abri des buissons. Si ce pélargonium est repoussé dans ces endroits difficilement accessibles, et bien, .... c’est à cause des chèvres.
A la différence d’autres espèces géophytes, les jeunes tubercules de ce pélargonium se développent très près de la surface du sol et s’enracinnent très peu. Ce qui fait qu’au passage des chèvres, ils sont expulsés du sol ou endommagés. Si certains pélargoniums comme
P. appendiculatum ont la capacité de produire des rejets, ce n’est pas le cas de
P. oblongatum. Encore heureux (pour lui) que les chèvres pâturent dans des zones plus basses lorsqu’il est dans sa période de végétation.
Toujours dans cette même région, Charles Craib a constaté que ce pélargonium est très inégalement réparti malgré une production abondante de graines fertiles et un habitat qui lui est favorable. Il était difficile de trouver de très jeunes plants au sein d’une population. (Un petit problème de timing avec les pluies ? Un intru qui se nourrit des bébés pélargos ?)
Un mystère qui en tout cas n’affecte pas trop sa présence sur ces terres vu qu’il n’est pas considéré comme étant menacé.
Je ne rappelle plus à quelle date il est sorti de sa dormance, mais le voici photographié le 7 avril dernier.
Pour donner une idée de sa taille, il est prisonnier dans un pot de 9x9. Malgré les apparences, ce pélargonium est en pleine santé. Et si ses feuilles jaunissent, c’est que c’est encore un membre de la section
Hoarea.
L’inflorescence naissante.
Le détail d’une feuille.
Plus ou moins poilues, avec des marges cillées et irrégulièrement dentées, les feuilles atteignent la taille respectable de 11 cm, aussi bien dans leur longueur que dans leur largeur.
C’est sûr que si on ne connait pas son cycle de végétation, y a de quoi flipper à le regarder jaunir.
Revoici ce pélargonium le 4 mai dernier.
Les feuilles ont disparues .....
.... et c’est normal.
Ce spécimen doit mesurer une bonne vingtaine de cm de hauteur. En fleurs et in natura, d’octobre à novembre, les
Pelargonium oblongatum ont une taille comprise entre 16 et 30 cm. L’inflorescence est composée de 2 à 5 pseudo-ombelles portant chacune de 4 à 8 fleurs jaune pâle ou crème. A noter que des pseudo-ombelles portant 24 fleurs ont été observées. Cela a un caractère exceptionnel et rien ne dit que la personne qui a fait cette découverte n’avait pas un peu abusé avec le vin sud-africain.
Mais ce qui n’est pas exceptionnel, c’est la grandeur des fleurs. Celle-ci mesure un peu plus de 5 cm dans sa hauteur.
A mon avis, l’insecte pollinisateur est un goinfre complètement miraud. Une mouche, une abeille ... la grandeur des fleurs fait en sorte que la bestiole ne peut pas les rater. Et comme cet insecte doit être super excité à l’idée de pomper le nectar, il se fracasse dans les pétales supérieurs .....Comment je sais cela ? Parce que Dame Nature a installé un tuteur sur ces pétales. Regardez bien à l’arrière des pétales supérieurs. Un des 5 sépales est érigé et reste en appui sur les pétales.
Bon ! ..... Pour être honnête, cette particularité n’est pas une exclusivité des
Pelargonium oblongatum. Y a toute une bande de fainéants qui usent de ce subterfuge pour faire les beaux.
Voici la deuxième pseudo-ombelle en fleurs le 25 mai.
Au début de la seconde quinzaine de juin, et bien le pépère, il a décidé de piquer un petit roupillon de quelques mois. C’est donc le moment idéal pour le sortir de son pot et vérifier la forme de sa racine. Elle devrait être oblongue. Vu que c’est l’origine de son épithète.
Et c’est raté pour la démonstration. Parce qu’en fait, rares sont les tubercules oblongs chez ce pélargonium. Et c’est E.M. Marais, la papesse des
Horaea, qui le dit.
Pauvre William Henry Harvey ! Harvey était un botaniste irlandais qui a co-écrit Flora capensis et qui a décrit ce pélargonium en se basant sur un seul taxon. C’était en 1860 et il devait être super-pressé d’en finir avec son bouquin.
Mais je ne désespère pas de trouver un tubercule parfaitement oblong dans mes semis de l’année dernière.
Sinon, pour le cultiver, un mélange composé de terreau, d’un peu de sable, et de petit gravier conviendra parfaitement, et bien sûr, il faudra le conserver à l’abri du gel.
Pour les arrosages, ce sera plus simple de les commencer à l’apparition des nouvelles feuilles sans perdre de vue que dans sa période de végétation, c’est un soiffard, surtout quand il fait chaud. A la fanaison des feuilles on réduira ces arrosages pour les arrêter complètement lorsque les dernières fleurs flétriront. Côté exposition, ce petiot, ..... il préfère la mi ombre. Ce qui n’est pas banal pour un pélargonium. C’est son truc à lui pour échapper aux chèvres et avoir moins soif. Une plante cultivée en plein soleil produira des feuilles plus compactes, des tiges de fleurs plus courtes, mais cela ne changera rien pour les fleurs. Et dans ce cas ….. attention aux arrosages.