Il était 22 h 30, la nuit tombait doucement, l'air embaumait les Lys et les Oeillets. Perché tout en haut de l'Acacia, le merle avait terminé son ode à la lune et avait regagné son nid à tire d'aile. Au même moment, d'un pas lourd, les crapauds gagnaient le bassin pour un bain nocturne, le chat qui faisait nonchalamment sa toilette sur la table, s'était redressé, les oreilles et les moustaches en alerte. Puis, un léger froissement d'air et les chauves-souris commençaient leurs rondes et arabesques dans le ciel.
Le monde venait de basculer du jour à la nuit, et, assise dans un des fauteuils du jardin, je fermais le livre que je ne pouvais plus lire lorsqu'un vrombissement, tout près de moi, retentit. Les mâles cerf-volants, au nombre de quatre s'était réveillés et volaient de fleurs en buissons, à la recherche d'une femelle.
Je n'étais pas la seule à les avoir remarqués :
Il surveille, il guette, il calcule ...
Les gros coleoptères, un peu patauds et pas méfiants, volent au ras de son nez. Un, deux, trois coups de pattes et tout le monde se retrouve à terre, à l'endroit - O miracle - où une petite dame semble attendre l'âme soeur.
Un peu sonné tout de même :
Allez! dépéche-toi, tu vas te faire piquer ta place!
Il aimerait bien y mettre la patte, mais pour l'avoir déjà fait, il n'ose pas trop... Juste des petites tapes très brèves, d'autant que les messieurs, maintenant très bien réveillés, courrent, les pinces ouvertes...
Ou est-elle ? Ou est-elle ? Ils la cherchent partout, et ils sont loin lorsqu'elle passe tranquillement :
Et continue sa route dans le sens opposé :
L'histoire ne dit pas s'ils se sont rencontrés...
Ce soir, peut-être ...