Alors celui-ci, je l'aime, je l'aime, je l'aime !
Il possède toutes les qualités qu'on peut rechercher pour garnir une belle rocaille, à commencer par sa couleur rose lumineuse et sa floraison dense qui le rend IN-DIS-PEN-SA-BLE au mois de mai.
Le voici :
Approchons nous davantage pour mieux voir ses 4 pétales disposés en croix :
Le voilà encore, tel qu'il se présente en avril, en boutons cette fois :
L'
Aethionema appartient à la famille des
Brassicaceae et ce n'est donc pas pour rien qu'il a cette floribondité exceptionnelle qui rappelle celle de ses cousins :
Alyssum, Arabis, Iberis, Ptilotrichum.
L'origine géographique d'
A. Armenum se situe dans les montagnes d'Asie mineure et particulièrement en Arménie, comme le suggère son nom d'espèce.
Et pendant que nous sommes dans la taxonomie, j'en profite pour vous signaler qu'on le trouve également sous le nom de genre
Eunomia et que le cultivar 'Warley' est ainsi nommé par référence à la ville anglaise éponyme où il a été obtenu. (il est familièrement dénommé « Stone cross » par nos amis d'outre-manche).
Sa taille est tout à fait raisonnable puisqu'il ne mesure guère plus de 15 à 20 cm de hauteur ; Il s'étale au fil du temps, jusqu'à former une sorte de coussin lâche d'une quarantaine de cm de diamètre, que l'on peut associer sans risque à d'autres petites « rocailleuses » :
Sedum, Sempervivum, Phlox, Armeria, Anacyclus, Leontopodium, Thymus, Dianthus, Campanula, Géranium cinereum etc...
Sa structure est celle d'un sous-arbrisseau bien ramifié qui se lignifie en vieillissant.
Même en dehors de sa période de floraison, il demeure très décoratif par son feuillage (semi-persistant, voire persistant) compact, formé d'une multitude de petites feuilles rigides et étroites, bien ordonnancées pour capter le plus possible de rayons lumineux. En effet, le soleil, encore et toujours, est sa seule raison de vivre. Plus la lumière est vive, plus le feuillage devient bleuté, épais et vigoureux. Nul doute que dans les contrées qui l'ont vu naître, il est parti à l'assaut des éboulis d'altitude bien exposés pour se faire bombarder d'U.V dans un air limpide !
Cultivé en situation ombragée, le feuillage va devenir vert clair et s'étioler ; La plante risque au surplus de ne pas apprécier l'humidité du sol que l'ombre à tendance à entretenir.
Il pousse en effet avec bonheur dans les sols secs, pierreux, drainés, plutôt pauvres et accepte bien le calcaire. N'hésitez-pas à alléger le sol avec du sable ou des graviers à la plantation. Il m'est parfois arrivé d'en perdre durant l'hiver -non pas à cause du froid car il est tout à fait rustique- mais à cause de l'humidité stagnante au niveau des racines. Pour limiter le risque, on peut le positionner en haut de pente ou le munir d'un petit toit vitré à la mauvaise saison.
Et sachez que même si vous vous désespérez de n'avoir pas d'emplacement propice pour l'accueillir, vous pourrez le cultiver facilement en auge, pot, sur muret, ou dans des fissures. Certains l'utilisent même, paraît-il, sur toiture végétalisée !
Son entretien demeure par ailleurs extrêmement simple puisqu'il se limite à rabattre les inflorescences défleuries lorsque se forment les capsules de graines. Cela a pour effet de densifier le plant, puisque sitôt cette opération réalisée, de nombreux bourgeons apparaissent le long des tiges sous le point de coupe.
Tant de beauté, de robustesse et de simplicité de culture lui ont d'ailleurs valu d'obtenir un Award of Garden Merit en 1993.
S'il fallait lui trouver un seul défaut, ce serait sans doute la relative brièveté de sa vie. En effet, au bout de 3 à 4 ans (ce qui est déjà raisonnable), il commence à se dégarnir en perdant quelques branches, puis finit par jaunir entièrement et mourir...
Mais rien n'est perdu, il se bouture ! (et se ressème bien sûr, mais je n'ai jamais essayé).
Le taux de réussite de la multiplication végétative dépend de nombreux facteurs, qui ne sont pas toujours réunis (et que je ne maîtrise d'ailleurs pas). En moyenne, selon mes propres statistiques et avec ma méthode (ô combien perfectible sans doute), une bouture sur cinq arrive à reprendre.
Je pratique cette opération après la floraison, courant juin ou début juillet, en prélevant des bouts de branches latérales de 2-3 cm récemment poussés, que j'installe à l'ombre, dans des godets de terreau amendés pour 50% de sable, hors d'atteinte des pluies (et des limaces!), le tout maintenu humide.
Au bout de 2 mois, parfois moins, le verdict tombe : soit tout à séché et prend la direction de la poubelle, soit tout est encore vert et commence à pousser du sommet, et dans ce cas, il faudra s'armer d'une bonne dose de patience ; Cette petite chose pousse extrêmement lentement sur des racines peu développées. Je n'entreprends le rempotage qu'au bout d'un an, avec d'infinies précautions car tout est encore fragile et pas -ou peu- ramifié. Mais lorsque cette première étape est franchie, il n'y a plus de problème. Le plant s'étoffe et grossit en se hâtant lentement (au soleil, bien sûr). En général, le plant est assez costaud pour rejoindre la rocaille l'année d'après (soit 2 ans après la bouture, voire 3 ans, s'il a peu poussé). Mais cela en vaut vraiment la peine, il vous donnera ensuite le meilleur de lui-même pendant plusieurs saisons.
J'imagine que vous le connaissez aussi et que vous l'appréciez... Avez-vous l'expérience du semis de ses graines ?