Et si nous revenions sur les saules
Planter un saule dans une rocaille ou dans une auge
, est ce raisonnable
La réponse est oui. Voici des preuves.
Salix reticulata est un petit buisson nain et prostré qui pousse en sol pierreux et normalement humide (sans excès) dans les montagnes de l’hémisphère Nord. On le trouve le plus souvent en sol calcaire, un sol neutre lui convient aussi. Sa taille est de 5 à 15 cm environ. J’ai lu dans « Flora alpina » que des sujets de 80 cm avaient été vus dans les Alpes. Ses feuilles sont particulières, soyeuses sur le dessus, elles laissent apparaître des nervures bien marquées, (réticulées) (Saule réticulé), en forme de réseau (Saule à réseau) CQFD.
Ce sont des plantes dioïques, alors honneur aux dames
, voici un sujet femelle avec ses chatons gris verdâtre.
Un mâle, avec ses chatons rougeâtres.
Un autre nain,
Salix retusa. C’est un copain de
S. reticulata. Si dans une montagne européenne vous en trouvez un, cherchez bien,
l’autre n’est peut être pas très loin. Ses rameaux très tourmentés s’accrochent au sol avec des racines adventices. Pas compliqué à vivre, on le trouve sur tous types de sols, calcaires, neutres ou siliceux. S’il peut atteindre un quarantaine de cm quand il est en pleine forme et en pleine nature, il aura quand même du mal à dépasser les 10 cm. Ses feuilles d’un beau vert sont glabres. Elles sont un peu échancré au sommet, quelques fois elles sont un peu plus aiguës. On l’appelle aussi de temps en temps saule à feuilles émoussées.
J’ai l’impression que pour cette espèce, ce n’est pas évident de différencier les mâles des femelles.
Question taille,
Salix herbacea ne gênera personne avec ses 5 cm. de hauteur. Il émet des tiges rampantes souterraines, bien ramifiées, desquelles sortent de tout petits rameaux aériens. Si on le rencontre également dans différents substrat, c’est en milieu plutôt acide qu’il s’épanouira le mieux. Attention à l’humidité, il est un peu plus exigent que
S. retusa et
S. reticulata. (c’est le plus petit des 3 et c’est lui qui a le plus soif
). Mais c’est normal, on le rencontre dans les combes à neige. Son domaine s’étend sur toutes les montagnes européennes et en Amérique du Nord, et quand il se plait, il colonise.
(il essaie !). Il a de belles petites feuilles arrondies, vert clair, qui dépasserons que très rarement 15 mm. et qui vont se développer en même temps que les chatons.
Le prochain nous permet de prendre de la hauteur, enfin un peu.
Salix x boydii, issu d’un croisement de
S. lapponum et de
S. reticulata, est un petit buisson érigé de 40/50 cm. originaire d’Ecosse. Beaucoup le compare à un bonsaï.
C’est vrai qu’il a de l’allure avec ses troncs un peu tortueux, ses touffes de feuilles duveteuses sur le dessus, blanchâtres et laineuses sur le dessous. Sa croissance est lente et il pousse aussi bien sur des sols légèrement calcaires que siliceux. Il ne craint pas le soleil s’il est en pleine terre, sinon une ombre partielle ne nuira pas trop à l’éclat de son feuillage et à ses petits chatons jaunes. Son besoin en humidité n’est pas excessif dans un sol qui doit être bien drainé. Je protège celui que je possède dans une serre horticole, mais celui sur la photo est soumis aux intempéries, été comme hiver. Ca n’a pas l’air de le déranger. On l’utilise souvent pour donner un peu de relief à une auge ou un raised-bed.
Pour une rocaille assez bien dimensionnée, le regard aura du mal à décrocher du saule laineux et de l’éclat de ses feuilles argentées par des poils soyeux.
Salix lanata est un buisson nain à croissance lente, très robuste, dont les rameaux sont érigés, et qui ne dépassera pas 1 m. de hauteur. Présent en Europe du Nord et au Canada, il aime les sols frais, assez humides, drainés et calcaires. Les chatons des sujets mâles sont jaunes, ceux des plantes femelles sont gris doré.
Nos amis suisses ont leur saule,
Salix helvetica. Il est présent dans l’arc alpin et les Carpates. D’une taille comprise entre 40 cm et 1m, c’est une espèce des marécages, des rocailles et des éboulis humides, des rhodoraies. Pas la peine de le planter dans une mare, mais il a besoin d’une bonne humidité et d’un sol acide.
http://www.florealpes.com/fiche_salixhelvetica.php
Ressemblant à s’y méprendre au saule suisse
, le saule glabre,
Salix glaucosericea est originaire des Alpes. Il a les mêmes exigences. Peut être un peu moins d’humidité, à voir. A peu prés la même taille aussi, de 50 cm à 1 m.
Salix pyrenaica est un saule endémique au massif pyrénéen. Il a un port rampant, avec des rameaux tortueux brun rougeâtres qui ne dépasserons guère les 40 cm. en hauteur au meilleur de sa forme.
Nettement moins dans la plupart des cas.
Les feuilles (vert normal) sont légèrement velues sur le dessus et couvertes de poils soyeux sur le dessous. Les chatons se développent en juillet. Ses aires de prédilection sont les escarpements rocheux ou les éboulis stabilisés, là où la neige disparaît tardivement. Il ne se déplait pas non plus au bord des ruisseaux. Donc, culture en sol frais, bien humide, et sur calcaire.
Ca devait arriver
, on y est. Apparemment une erreur de nomenclature. Je l’évoque parce que je cité ce saule dans le post précédent.
Salix microphylla Lange présenté dans son habit minuscule au jardin alpin du Haut-Chitelet est introuvable dans ma doc. Sur le net, c’est pas mieux, comme je ne possède pas la bible « Willows, The Genus »
….. Par contre, on trouve
Salix microphylla Scheich. qui serait un synonyme de
Salix repens L. ssp.
repens. Mais la description de ce sauleron n’a rien à voir avec celui-ci. A suivre, la question sera posé lors de ma prochaine visite, à moins que quelqu'un ai une idée.
On revient dans le minuscule avec le saule polaire.
Salix polaris est une espèce qui même dans ses rêves les plus fous ne dépassera pas les 10 cm,
il devra se contenter des 2 ou 3 cm de haut que lui accorde généralement Dame Nature. Pour le voir in situ, prévoir une petite laine, puisqu’il faudra aller dans les régions circumpolaire, dans la haute toundra arctique. Ca en dis long sur sa rusticité
. Là, il forme des tapis stolonifères en développant des tiges souterraines. Les branches qui rampent sur le sol émettent de petites racines qui s’ancrent dans les lichens. Ainsi armé, Salix polaris se moque du vent si violent dans ces régions. Il faudra un sol calcaire et bien humide pour le cultiver avec succès.
J’ai cité
Salix furcata.
Encore un os ! Beaucoup d’indécision de la part des botanistes pour identifier correctement cette espèce. (mais ce n’est pas simple) C’est le botaniste britannique Anderson qui la découverte en 1868, auparavant, en 1860, il avait identifié
S. fruticulosa. Je cite ces 2 espèces car beaucoup considèrent qu’il ne s’agit que de
Salix hylematica identifié par C.K. Schneider en 1917. En 2006, les botanistes N. Chao et G.T. Gong rattachèrent à cette espèce la variété
scopulicola. De ce fait ils remettaient au rang de basionyme l’espèce
S. scopulicola que les botanistes P.I. Mao et W.Z. Li avaient inscrite dans l’acta botanica Yunnanica en 1987. Bio aime que l’on soit précis avec les noms
, mais là, je coince.
Quoiqu’il en soit, ce minuscule saule tibétain ne dépassera pas les 10 ou 15 cm. avec ses branches rampantes qui épousent parfaitement le dénivelé du sol. Au point qu’il est quelque fois cultivé au sommet d’un muret pour mettre en valeur son port retombant.
Il a besoin de beaucoup d’humidité pour prospérer. J’ai lu que des américains avaient obtenu un sujet de 3 m. de diamètre en le cultivant en moraine. Ils sont vantards, ces américains !
Celui ci est si beau
……….. ce doit être un sujet mâle ;
http://www.franz-alpines.org/g_salix_hylematica.html
Mais il y en à d’autres qui conviennent aux rocailles. Dans un premier temps j’avais pensé les citer tous, mais il y en a beaucoup.
J’en ai répertorié environ 200 pour le moment. Dans ma base de données (que je pourrai copier) et que je mets (difficilement) à jour, il y a les binômes complétés des noms de botanistes. Les photos sont rares.
Ca risque de faire un peu chargé
Cà a sa place dans un forum
C’est peut être un truc à faire fuir tout le monde
je ne sais pas.
Par contre, si cette énumération de saules, dont la taille ne devrait pas dépasser environ 1 mètre, agrémentée d’un petit commentaire, intéresse quelqu’un, je peux lui envoyer par MP.