Les douze divinités de l'Olympe se sont sans doute penchées sur ce millepertuis pour lui donner sa couleur de lumière, sa beauté et sa quasi-immortalité.
Voici donc
Hypericum olympicum (millepertuis du Mont Olympe) dont le nom trahit ses origines balkaniques et égéennes.
Un portrait ne saurait débuter sans un nom de famille. La sienne est grande, puisqu'il s'agit de celle des
Guttiferae (ou
Clusiaceae) ; mais le genre
Hypericum est si important qu'il est lui-même devenu une famille dans la famille, celles des
Hypericaceae.
Pour en finir avec les présentations,
Hypericum viendrait du grec « hupo » (presque) et ériké (bruyère), tant certaines espèces peuvent ressembler à ces dernières.
Le sujet présenté ici est fort décoratif dans la rocaille en juin. Le voici :
Au sommet de nombreuses tiges bien raides de 40 cm de hauteur s'épanouissent de grosses fleurs à cinq pétales jaune d'or de 5 cm de diamètre décorées d'un gros toupet d'étamines de la même couleur, comme ceci :
Cette floraison est volontiers remontante en fin d'été et en début d'automne (bien que moins spectaculaire) pour peu qu'on ait pris soin de raccourcir de moitié les tiges après la première vague de fleurs.
Le feuillage est de petite dimension, dressé contre les tiges ; il offre un contraste intéressant avec les fleurs par sa couleur gris-vert mat. Ce feuillage persiste plus ou moins l'hiver, selon la rudesse de la saison.
Pour autant sa culture ne pose aucune difficulté. Un emplacement bien ensoleillé, un sol ordinaire sec et bien drainé, même calcaire, lui conviendront. Je l'ai vu résister sans broncher à des étés caniculaires et des vents très chauds, sans aucun arrosage.
Il saura également traverser les périodes de froid intense, sa rusticité étant très bonne. Je l'ai expérimenté au cours du mois de février 2012 qui, si vous vous en souvenez, avait été particulièrement glacial avec un gel non-stop pendant une quinzaine de jours et des ressentis nocturnes à -18°. Après cet épisode, il était devenu totalement jaune et sec, comme brûlé par le feu et avait semblé mort pendant plusieurs semaines. Mais avec les premiers beaux jours, la douceur du printemps et quelques bonnes pluies, il a repris vie pour devenir encore plus beau qu'avant !
Sa vigueur et son étalement (diamètre de la touffe : 40 bons centimètres en été) imposent même de le tenir à distance des voisines fragiles.
Pour le faire repartir « du bon pied » et lui assurer une belle floraison compacte, je le retaille à 20 cm du sol chaque année au mois de mars avant la reprise de la végétation, cela lui convient très bien et suffit à son bonheur.
Je cultive ce pied depuis... 17 ans, et sa base s'en épaissie et couchée à la manière d'un vieux bonsaï. Il ignore les maladies et les ravageurs.
Sa multiplication par bouturage réussit bien. Les branches traînantes sur le pourtour peuvent même se marcotter spontanément ; il n'y a plus qu'à récupérer la progéniture enracinée au printemps suivant. On ne peut pas faire plus simple !
Côté associations, il fonctionnera bien avec d'autres « rocailleuses » aux mêmes exigences pour créer de jolis spectacles :
Antennaria, Globularia, Helianthemum, Dianthus, Erigeron etc...
Il existe également une variété 'Citrinum' au coloris jaune plus pâle, mais je ne le cultive pas ici.
Voilà donc encore un pensionnaire de qualité, gratifié depuis près de 30 ans d'un Award of Garden Merit par la RHS.
Pour finir, n'oublions pas que parmi les 400 espèces du genre, se trouve le millepertuis officinal (
Hypericum perforatum) déjà honoré dans l'antiquité pour ses prouesses en médecine : cicatrisant, antiseptique, anti-inflammatoire, antioxydant, antiviral, anti-dépressif, anti... anti...anti...
Au fait pour la petite histoire, saviez-vous que le nom vernaculaire de millepertuis provient de l'ancien français « pertuis » qui signifie « trou » ? En effet le feuillage de certaines espèces (et notamment
H. perforatum le bien nommé, évoqué ci-dessus) semble percé de nombreux petits trous quand on observe les feuilles par transparence. Il s'agit en fait d'une multitude de glandes translucides contenant une huile essentielle.
Et vous, quelle est votre expérience de
Hypericum olympicum ?