C’est Thomas Jefferson, 3ième président des Etats Unis d’Amérique, qui chargea les capitaines Meriwether Lewis et William Clark d’organiser une expédition consistant a trouver de nouvelles voies pour rejoindre le Pacifique, en traversant les Montagnes Rocheuses. Voici un lien pour tout ceux que cette aventure intéresse.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Jefferson#L.27exp.C3.A9dition_Lewis_et_Clark
Cette expédition débuta en mai 1804 et s’acheva en septembre 1806. Ces 2 hommes n’avaient pas de notion de botanique,
mais ils avaient un sens de l’observation assez pointu et ils découvrirent, entre autres, beaucoup de nouvelles espèces végétales. C’était la première expédition du genre. Ils récoltèrent ainsi énormément de graines et de végétaux.
Jefferson avait demandé à Lewis et à Clark de trouver des cachettes pour bien planquer les échantillons de végétaux afin que le botaniste Benjamin Barton, ami personnel du président, puisse les récupérer plus tard et procéder aux identifications. Ne perdont pas de vue que les régions traversées étaient, à cette époque, extrêmement dangereuses.
Mais c’était trop simple ! Comme dans tous les bons plans, il y a toujours des problèmes.
Le premier, et de taille, c’est que l’une des cachettes a été choisie en été. Au bord d’une petite rivière dans le Montana, à Belt Mountains Creek précisément. Et qu’est ce qu’elles font, les rivières des montagnes après de fortes précipitations ou à la fonte des neiges ? Leur débit augmente, leur niveau monte. Lewis et Clark n’imaginaient sûrement pas que les crues à la sortie de l’hiver pourraient être si fortes que la grande partie des végétaux qu’ils avaient collectés serait emporté par les eaux. Et bien sûr, il s’agissait de la partie la plus importante de la récolte. Pas très fut-fut, nos capitaines.
Et puis, dans toute bonne histoire, il y a le félon.
Et bien là, c’est Frederick Pursh qui en revêt le rôle. C’était un des étudiants du botaniste Benjamin Barton, et à ce jour personne ne sait comment cet homme a réussi à trouver les échantillons destinés à son maître. Toujours est il qu’il fit la description de 123 nouvelles espèces sur la base des résidus des végétaux.
4 nouveaux genres furent décrits. En l’honneur de Clark, il nomma une
Clarckia pulchella, qui devint plus tard
Clarkia pulchella, et qui ouvrit la voie de ce genre.
Calochortus elegans a été la première à être décrite. Puis il y eut un arbuste présent partout dans l’Ouest,
Tigaurea tridentata baptisé plus tard
Purshia tridentata en l’honneur de Pursh. J’imagine bien Benjamin Barton se retourner dans sa tombe.
Et j’ai gardé le meilleur pour la fin, ce fut la première fois que l’on trouva et décrivit une petite plante possédant de grosses racines charnues, j’ai nommé les sublissimes
Lewisia en l’honneur du capitaine Lewis.
Et je suis raide dingue de ce genre.
J’ai déjà montré quelques
Lewisia l’année dernière, et en même temps, je me suis décidé à passer en mode surmultiplié pour étoffer ma collection.
Toutes mes
Lewisia sont issues de semis, et la très grande majorité des graines ont été collectées in natura, dans le Grand Ouest Américain. Faut dire que lorsqu’une
Lewisia rencontre une autre
Lewisia, elles font des BB à foison, et peu importe les espèces.
Certaines photos ont plusieurs semaines, je les avais mises de côté pour faire un post global.
Et je commence par cette
Lewisia rediviva var. minor. Une forme blanche originaire de Californie, plus précisément de Bodie Hills dans le Comté de Mono à 2850m d’altitude. Elle ne poussait que sur des pentes exposées à l’ouest sur des sols calcaires et sur roches volcaniques. C’est une forme des plus compactes dans la variété
minor.
Elle est encore dans son pot de semis avec ses petites sœurs. Tout ce beau monde est en train d’entrer en dormance estivale.
Avec des fleurs beaucoup plus petites, voici
Lewisia pygmaea la bien nommée. Cette espèce est très largement répandue sur tout l’ouest du continent américain. On en trouve même en Alaska. Celle ci vient d’un endroit plus clément, dans l’Utah.
Avec sa manie de faire traîner ses tiges florales sur le sol, de se pencher vers les autres plantes histoire de tailler une bavette, je trouve sa progéniture dispersée un peu partout. Mais bon, pas de soucis, question envahisseur,
….. y a pire !
Avec une si grande aire de répartition, on trouve des formes en pagaille. En voici une plus foncée originaire de l’Arizona.
« Dans une rosette de feuilles charnues vert-pâle, les fleurs blanches scintillent sous le soleil ». Présentée ainsi, comment résister à la tentation de semer des graines de cette
Lewisia brachycalyx. Et du soleil, elle a l’habitude d’en voir dans le Comté de San Bernardino en Californie. Sur de moyennes montagnes du même nom, à 2450m d’altitude, ces
Lewisia prospéraient en prairie sur des sols extrêmement caillouteux.
La plante en fleurs n’a qu’un an. Cela laisse présager de futures floraisons somptueuses.
C’est amusant, car malgré un traitement à l’acide, une seule graine a germé et l’on pourrait croire qu’elle a donné le signal de départ d’une germination collective l’année suivante,
….. après une inspection des lieux.
Voici une
Lewisia qui a une floraison exceptionnellement longue.
Lewisia glandulosa. Jugez en vous même. La première photo a été prise le 19 avril. Cette floraison ne s’est achevée qu’au début de ce mois . Il faudra que je fasse quelques recherches à son sujet, je ne suis plus très sûr que ce taxon soit encore reconnu comme une espèce à part entière.
Vue d’en haut.
En fait, la floraison semble longue car le renouvellement des fleurs est important. Et c’est en la regardant comme ceci que les feuilles en rosette montrent leur particularité.
Malgré les dimensions des fleurs ou la forme du feuillage, ce n’est pas qu’avec ces caractéristiques que l’on différencie toutes ces espèces entre elles.
Il faut pour cela commencer par observer les bractées et surtout, les sépales. Comme on le voit sur la photo suivante, leurs marges sont dentées et rougeoyantes.
Cette espèce ne pousse que dans White Mountains, en Californie. Comme il ne me restait qu’une seule plante et qu’elle avait l’air de s’ennuyer, je me suis lancé dans un nouveau semis. Succès mitigé, mais il y a là la promesse de quelques belles plantules.
Et là aussi, germination étalée sur 2 ans. A ce stade, le feuillage semble différent de la précédente forme.
Et puis, voici une
Lewisia nevadensis qui ne pousse pas qu’au Nevada.
J’ai quand même eu une petite déception avec des
Lewisia tweedyi. J’en possède 4 formes différentes et une seule m’a gratifié d’une fleur d’un beau rose abricot. La floraison a été furtive, quelques jours seulement. Et je me suis fait surprendre pour l’immortaliser d’une photo.
Toutes les autres ont eu des boutons, prêts à fleurir me semble t-il, mais désespérément endormis. Je ne sais pas ce qu’il leur manque ou si cette difficulté à fleurir est chose courante chez les
Lewisia tweedyi.
Voilà
C’est fini pour cette saison. J’espère en présenter beaucoup d’autres l’année prochaine.
(toujours des botaniques et en fleurs).