Grand dilemme pour petite érine

Ma tragédie shakespearienne du moment se résume ainsi : semer ou bouturer ?

Telle est la question que je me pose (et que je vous pose par la même occasion) car je ne connais pas encore bien l'Erinus alpinus 'Dr Hähnle' que j'ai invitée dans ma rocaille pour la première fois l'année dernière.

Cette petite affaire concerne en effet une bouture que j'ai pu faire démarrer in extremis en pot juste avant que le pied-mère ne se déssèche en mai dernier.

Cette bouture, issue d'une seule rosette de feuilles, demeure de taille modeste (surface d'une pièce d'1 euro...), mais cette brave petite me gratifie tout de même actuellement de quelques jolies fleurs d'un rose flashy qui ne passe pas inaperçu.

La voici sous son meilleur profil :


J'ai cependant lu dans plusieurs bouquins que cette espèce était assez éphémère... Se pourrait-il qu'elle meure sitôt la floraison terminée, comme mon pied-mère, l'année dernière ?

En ce cas, quel est le plus sûr moyen de la multiplier avant qu'elle ne périclite ? J'aimerais bien qu'elle ait assez de force pour, à la fois, faire de graines et étoffer son feuillage, de manière à ce que je puisse tenter ET semis ET bouture (histoire de mettre un maximum de chances de mon côté...).

Pour le semis, comment m'y prendre ? (dès récolte des graines ou après passage au froid ? temps de levée ? facilité de culture ? précautions à prendre ? etc...)

Can you help me

Alors commençons par le commencement.

Effectivement les Erinus sont assez peu vivaces. Ils ont facilement tendance à ne résister qu'un ou deux ans MAIS ils ont aussi une forte tendance à se ressemer naturellement au point d'être obligé de faire "le ménage" régulièrement pour ne pas en être envahi. De plus si tu possèdes différents cultivars ils s'hybrident également très aisèment. Je pense que si tu n'avais pas remué la terre autour de ton pied mère, tu aurais très certainement pu obtenir des semis naturels.

Je pense que le mieux que tu puisses faire pour le garder définitivement (certainement pas le pied mère, mais ses nombreux rejetons), c'est d'installer ta plante directement en rocaille sachant bien qu'il vaudra mieux ne pas trop remuer le terrain aux environs immédiats après foraison. Je serai très surpris que tu n'obtiennes pas de semis naturels.

Je ne cultive pas cette érine des terrains calcaires, n’ayant pas pour le moment un morceau de rocaille libre d’envahissement.

Lucius ne l’a pas écrit, mais il l’a dit ou écrit ailleurs, pour conserver une plante dont on veut être certain de garder toutes ses caractéristiques, rien de tel que le bouturage. Le problème avec les semis, ce sont les hybridations naturelles et les cultivars.

Les graines des Erinus germent facilement. On obtient les meilleurs résultats en les maintenant dans une certaine obscurité et avec une température de l’ordre de 20/21°C. (graines recouvertes et ne pas exposer le pot en plein soleil) Je pense qu’un semis de graines fraîches doit donner de bons résultats. Faire comme la nature, en semant tôt, car j’ai lu dans un bouquin que la viabilité des graines n’était pas terrible. Mais si on dispose d’un stock important de graines, le problème est moindre.
Si ces conditions sont réunies, les premières germinations peuvent apparaître en 1 semaine, et au bout de 3 ou 4 semaines, tu devrais avoir des plantules à ne plus savoir quoi en faire.

Et puis, il y a ce que préconise Lucius. Remettre la plante en rocaille et laisser faire la nature.

J'en ai planté un pied il y a quelques années qui a fait plein de bb partout, dans les interstices des pierres bordant les massifs. Elles poussaient autant au soleil qu'à mi-ombre en compagnie des bb fougères scolopendres, puis un beau jour, tout le monde a disparu!

C'est drôle, comme, souvent, on se casse la tête pour faire des miracles, alors que la nature sait très bien se débrouiller sans nous ...

J'ai suivi vos conseils et fait, fin juin, à l'ombre, un semis en godet d'une "pincée" de graines d'Erinus fraîchement récoltées.

Voici ce que ça donne actuellement :


Comme vous le voyez, j'ai une dizaine de plantules plus ou moins développées, au stade de la troisième paire de feuilles pour les plus avancées (quelques unes ont séché).

Que dois-je faire maintenant : les laisser ainsi en godet jusqu'au printemps prochain (hivernage en extérieur sous abri ?) ou les diviser en pot individuels dès maintenant ? Mais cela me semble prématuré, les tiges sont vraiment frêles, et avec la canicule ... Autre solution ?

Au fond, les semis naturels dans la rocaille prospèrent apparemment très bien sans soin particulier si j'en crois vos commentaires. Je les "toutoune" peut-être un peu trop ?

Merci de votre avis éclairé !

attends peut-être une quinzaine de jours avant de mettre en pot, sinon individuel, plutôt par 2-3.

Tu peux les repiquer en godets dès que l'envie t'en prend et je te conseillerai de les installer en rocaille avant l'hiver, en septembre ou octobre car je trouve que cette plante préfère la pleine terre aux godets. Si tu as toujours ton pied-mère, laisse le tranquille et prend soin de ne pas trop grater autour. Logiquement, tu auras rapidement largement de quoi te mettre sous la dent et un jour, tu feras peut-être ce que je me suis décidé à faire cette année : essayer de les éradiquer totalement de la rocaille. La plante à beau être très jolie, TROP c'est TROP ! Pour l'instant, tu n'en n'est pas là, alors profites bien de tes futures floraisons.

Heureux Lucius à qui la chance est donnée d'avoir des érines au delà de ses espérances !