- Biodiversité a écrit:
- outre le fait qu'elle soit toxique, elle est considérée (à tort ou à raison ?) comme tuant les arbres sur lesquels elle est installée... Cause ou conséquence ?
Pour ce que j’en sais, le gui est bien considéré comme une calamité et son éradication n’est pas simple.
Alors j’ai cherché comment étaient disséminées les graines du gui. ( …on ne se refait pas

). Et cette affaire n’est pas banale.
Ça m’a donné l’idée de la raconter à ma manière. Et peut être que les esprits les plus,

…..y trouveront des solutions pour se défaire un peu plus de ce sous arbrisseau.
Ce gui est une plante dioïque, il y a donc des papas et des mamans. Et lorsque les fleurs femelles ont été fécondées par les insectes,

avec qui ce parasite de gui va t-il s’associer pour assurer une longue vie à sa progéniture ? Avec les oiseaux !

Pardi ! Mais pas n’importe lesquels, baies blanches obligent.
Mais commençons avec le début. Parasiter un arbre est un besoin vital qu’a le gui pour survivre. Si un de ses fruits vient à tomber au sol, la graine qu’il contient pourra germer, mais elle mourra par la suite, faute à l’absence de cette plante hospitalière. Alors, Dame Nature a incorporé dans la pulpe de la baie blanche, que produit madame gui, de la viscine,

c’est un genre de colle. Et lorsque le fruit bien mûr se détache de sa mère, il tombe…..(voir la loi de Newton).
A ce moment, Dame Nature a dû se sentir bien seule en voyant toutes ces baies s’écraser sur le sol et faire le délice des fourmis. C’est qu’il faut bien viser, pour faire tomber un fruit sur une branche, qu’il y reste, fut il bien mûr et même avec de la colle.
Jamais à cours d’idées, Dame Nature a donc fait appel aux oiseaux.

Dans un premier temps, elle a appelé à la rescousse les mésanges. Oui, mais voilà, ce sont des goinfres, ces mésanges, surtout la bleue. (
Parus caeruleus) Si vous mettez de la nourriture dans une mangeoire, vous les verrez picorer avec acharnement les graines jusqu’à casser d’un bon coup de bec les téguments. Elles font de même avec les baies de madame gui, car dans le fruit, c’est l’embryon que les mésanges préfèrent.
Comme il fallait trouver un autre oiseau, c’est la fauvette qui a été choisie, avec comme chef de file la fauvette à tête noire. (
Sylvia atricapilla)

Avant d’effectuer leur migration vers des endroits plus chauds, les fauvettes ont besoin d’emmagasiner des forces pour traverser la Méditerranée ou les Pyrénées. Alors elles se font des orgies entre copines avec les baies de gui agrémentées de quelques larves ou insectes. Mais là aussi, il y a un hic.

C’est que la fauvette, elle consomme sur place. Ne comptez pas sur elle pour aller disséminer aux alentours les graines qu’elle a ingérées. Il faut dire que l’Afrique du Nord, le sud de l’Espagne, c’est pas la porte d’à côté, et qu’il vaut mieux ne pas trop se fatiguer avant le voyage. Alors, en attendant que sa digestion soit finie pour reprendre le festin, méticuleusement, la fauvette extirpe les graines des baies et les aligne sur une branche pour les consommer plus tard. Comme beaucoup d’humains, elle a plus gros oeil que gros ventre,

et elle part au soleil en laissant des chapelets de graines sur les branches. C’est une des raisons qui fait croire à certains que le gui est une espèce hermaphrodite. Non ! C’est de la faute aux fauvettes.

Horreur, a du s’écrier Dame Nature. Si les graines restent bien collées sur les branches de l’arbre, il ne va pas résister bien longtemps, cet arbre. Les touffes de gui vont lui pomper toute la substance nécessaire à sa survie. Et je ne dis rien sur la colère des forestiers.
Et bien, Dame Nature a trouvé un troisième larron

avec la grive draine qui se nourrit aussi des baies de madame gui. Et c’est une grande dévoreuse, un poil obèse car c’est la plus grosse de nos grives, au point que son nom scientifique est
Turdus viscivorus dérivé de son appétit pour
Viscum album, le gui.
Imaginez la tête d’une grive draine (légèrement affamée) lorsqu’à l’approche d’un beau bouquet de gui elle découvre toutes ces graines bien alignées. D’un coup d’aile, elle se précipite sur la pitance, éloignant au passage les inopportuns. C’est que notre grive draine est une teigneuse, une solitaire. Quelques graines ne suffisant pas pour lui faire un repas équilibré, rien de tel que des baies bien mûres. Ça tombe bien, elles sont à portée de bec.
L’avantage pour le gui, c’est que lorsque la grive a son gros ventre bien rempli, elle prend son envol et va ailleurs pour chanter.
Hé oui, cette grive est complexée. Elle aimerait tant pouvoir jacasser comme la pie pour faire fuir tous ceux qu’elle n’aime pas. Alors elle s’entraîne, et à force de persévérance, elle y arrive, faiblement certes, mais au prix de quels efforts. Justement, les efforts, c’est bien connu, ça ouvre l’appétit. Et notre grive draine repart illico à la recherche de nouvelles touffes de gui pour se remettre une bonne plâtrée de baies dans la panse. Et elle repars chanter ……….Et……
Cette grive n’est pas très maligne, elle n’a pas encore compris qu’une surconsommation de baies provoque des disfonctionnements digestifs. Je vous dis pas les fientes avec les graines, partout ! Par terre, dans l’eau, sur le capot des voitures, mais aussi, ..........sur les branches des arbres, forcément.
Qu’écrire de plus, ……………sinon que finalement, dans la nature, tout est toujours affaire d’équilibre. (
et que je ne suis pas obsédé par les fientes des oiseaux) 
Oups, j’allais oublier, si vous trouvez du gui sur un chêne, ne l’arrachez pas. Il faut le couper (le gui) avec une serpe en or.
