Ben oui, c’était écrit d’avance que j’avais aussi ces cyclamens. Comme ils sont bien au chaud, ils sont en fleurs depuis quelques semaines et dans l’attente d’en prendre un maximum en photo, j’ai eu le temps de bien les étudier.
Tous mes cyclamens sont issus de semis, avec des origines différentes, ce qui fait que j’ai l’habitude de voir des variations de formes, de couleurs ou de marbrures des feuilles, de voir des différences de couleurs ou de taille des fleurs. Mais le champion toutes catégories est sans conteste ce
Cyclamen persicum Mill. [ Gard. Dict., ed. 8. n. 5. (16 Avril 1768)]
Cette espèce possède une quantité infinie de variations dans son feuillage et ses fleurs vont du blanc au pourpre en passant par des roses plus ou moins foncés, par des teintes lilas ou rougeoyantes. Pour couronner le tout, ces cyclamens sont extrêmement florifères et leurs fleurs ne sont pas exigeantes sur les origines des pollens qui leurs sont proposés.
Et ça leur a servit à quoi ?
Je vous le donne en mille. Ils sont utilisés pour faire des tas de cultivars qui font le bonheur des fleuristes.
Pire,
dans beaucoup de catalogues, on trouve des mini-cyclamens de Perse qui sont en fait des
Cyclamen persicum. Cette manière toute péjorative de le dénommer me laisse à penser que certains aimeraient bien nous faire croire que la vraie forme du cyclamen de Perse est celle avec les grosses fleurs bien flashy.
Dans la nature, les fleurs de ce cyclamen exhalent un merveilleux parfum.
Et ça lui pose un problème crucial. Les insectes, et plus particulièrement les abeilles, sont raides dingues de ce parfum.
Ce qui fait que tout ce petit monde se précipite goulûment sur les fleurs et que, bien sûr, elles sont toutes fertilisées. Le voilà, le problème, la plante s’épuise à rendre viable toutes les graines. Puis, complètement lessivé, le tubercule se donnera une année sabbatique en ne faisant plus de fleurs l’année suivante.
Je pense que c’est la raison pour laquelle le tout petit
C. libanoticum ( que j’ai déjà présenté) s’est doté de cette odeur poivrée qui domine son parfum. Il sait ce que les abeilles sont capables de faire. Il veut les faire fuir. Mais il a pris soins de choisir en même temps son compagnon, un insecte qui apparemment se complait dans ses effluves, pour transporter son pollen.
Le petit est malin, il a compris que si le gros dodu de
C. persicum avait besoin d’une année de repos après avoir fait le beau, c’est d’une oraison funèbre qu’il aurait besoin, lui, en pareille mésaventure.
Mais alors, cela voudrait dire aussi que les plantes communiquent entre elles. Hé bien oui, il y a des gens très sérieux qui le croient. Ce n’est pas la peine d’écraser vos cyclamens avec vos grosses oreilles dans l’espoir de les entendre,
non, les communications sont chimiques. Si un jour je décode leur mode de communication, je reviendrai compléter ce post.
Ce
Cyclamen persicum est commun à toute la partie orientale de la Méditerranée et, dans la littérature, on dit de lui que sa culture à l’extérieur sous nos latitudes est vouée à l’échec si on ne le protège pas d’un froid trop vif. Dans le classement de C. Grey-Wilson, il est même comparé aux
C. africanum, C. cyprium, C. rohlfsianum et
C. somalense qui sont effectivement bien peu rustiques. Je ne crois pas trop à cette affirmation, et le fait que les C. persicum de Sylvaine résistent au moins à –7°C me le confirme.
Je pense que la confusion vient du fait que les aires de distribution de cette espèce sont très diversifiées. Au sud ouest de la Turquie, on le rencontre en compagnie des
C. coum et des
C. pseudibericum dans les provinces d’ Adana et de Hatay. A peine un peu plus au nord, dans la province d’Icel, il cohabite avec les
C. cilicium. Ce ne sont pas les espèces les plus frileuses.
Faut il comparer ces taxons avec ceux que l’on rencontre sur les îles de Crète, Chypre, Rhodes, ou bien avec ceux de Palestine et du Liban. J’en doute.
Pour mettre tout le monde d’accord, on aurait trouvé récemment sur les hauteur d’Israël des taxons qui pourraient être beaucoup plus rustiques que ne le sont tous les autres. C’est une affaire à suivre.
Bon, ce n’est pas tout, comment faire pour les reconnaître ? Je me suis enfin décidé à contrôler l’identité de ceux qui squattent ma serre.
Si les feuilles sont variées, elles sont généralement en forme de cœur. Elles sont relativement grandes. Le pétiole est parfois complètement embrassé par cette forme cordée de la base du limbe. La marge (ou bordure) de ce limbe est dentée et le dessous est généralement vert, bien qu’il existe quelques formes qui ont une couleur rouge foncé. Les fleurs sont portées par des pédoncules très longs, jusqu’à 30 cm., tout ce qu’il faut pour les mettre en valeur en les faisant émerger du feuillage. La longueur des pétales varie de 20 à 37 mm. Généralement, ils ont une couleur lilas très pâle pouvant tirer sur le blanc et devenant plus foncé en prenant de l’âge, il existe une forme blanc pur et des autres dans les tons roses à pourprés.
Ils sont marrants, ces pétales.
Ils sont joliment vrillés et possèdent chacun une tache pourpre foncé à leur base qui ne suggère rien du tout. Mais alors, rien du tout ! La particularité de cette fleur, on l’a déjà évoquée, est d’allonger encore davantage son pédoncule après la fécondation pour le courber majestueusement jusqu'à toucher terre. Manière toute délicate de déposer ses graines, en ouvrant sa capsule à coté du pied nourricier, de manière à ce qu’il puisse garder un œil sur sa progéniture. C’est rarissime chez les cyclamens botaniques. Seul
C. somalense (introuvable en culture) fait de même.
Mais ça ne sert à rien !
Les fourmis s’emparent des graines et les dispersent partout.
4 formes de
Cyclamen persicum sont reconnues, les formes
persicum, albidum, roseum et puniceum. Et là, …… bonjour les identifications.
C. persicum forma
persicum possède des fleurs blanches ou rose très pâle avec une couleur rose foncé au bas des pétales. C’est l’espèce la plus commune et on la trouve partout.
C. persicum forma
albidum aux fleurs d’un pur blanc. Ce
C. persicum plus blanc que blanc se rencontre aussi un peu partout, mais toujours en solitaire.
C. persicum forma
roseum avec des fleurs roses aux pétales uniformément colorés et un peu plus foncés autour du tube de la corolle. Sa répartition est assez limitée, on le trouvera vers la fin orientale de ses territoires.
C. persicum forma
puniceum qui a des fleurs rouge profond jusqu’à carmin. C’est une plante très rare dans la nature. On ne la connais que dans quelques endroits du Liban ou de la Syrie.
Les botanistes et les taxonomistes ne se sont pas compliqué la vie pour trouver le nom de ces formes, c’est limpide. Ont ils eu envie de rattraper le coup du «
persicum » ?, car franchement, quelle idée d’affubler ce cyclamen de cette épithète puisque apparemment, on ne le trouve pas en Iran.
Voici un petit échantillon ; dans la forme la plus commune. La photo a été prise le 25 janvier.
La même plante hier, elle n’arrête pas de fleurir, et il y a encore des fleurs en formation.
Une autre forme ….
…….en voici un autre avec des fleurs globalement plus petites et des pétales presque blancs ………les feuilles sont moins dentées.
Celui ci m’intrigue un peu.
Il est plus petit que les autres
C. persicum, ses fleurs ressemblent un peu à un
C. coum et sont portées par des pédoncules pas très grands, mais surtout, elles émanent un agréable parfum. Quand aux feuilles, elles sont bien dentées. Serait ce la forme
roseum ? Je vais me pencher sur son cas, mais ça sent aussi un tout petit peu l’hybridation.
Pour les suivants, il n’y a pas de doutes. Ce sont les surprises inhérentes aux récoltes de semences chez les collectionneurs. Les pétales sont 2 fois plus large et un peu plus long que ceux de la forme type.
Et pour finir voici
Cyclamen persicum ‘Caliméro’, complètement schizophrénique, il s’emmêle les pétales dans les feuilles car les pédoncules sont trop courts, puis il n’arrive pas à les déplier et ça donne ces fleurs ébouriffées. Mais qui sont ses parents ?
Je reviens sur la communication des plantes entre elles.
Je suis sûr qu’il y a des personnes septiques qui pensent que j’ai un problème avec la moquette. Mais non, pas du tout, allez voir le site de nos cousins au Québec.
http://www.amisjardin.qc.ca/revue/sans_fil.htm
………. et puis je vois que je ne m’améliore pas, ……………. tout ça pour un cyclamen.