Le Monde vient de publier une enquête sur Monsanto : http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/06/01/monsanto-operation-intoxication_5136915_3244.html ; http://www.lemonde.fr/planete/article/2017/06/02/monsanto-les-moissons-du-fiel_5137487_3244.html
L'article ne revient pas sur la dangerosité du glyphosate mais plutôt sur les procédés utilisés par Monsanto pour décrédibiliser, ridiculiser, menacer ou insulter tous les scientifiques qui osent se mettre sur son chemin. C'est juste effarant. On sait tous que les vendeurs de poisons sont prêts à tout, mais une plongée dans les entrailles de ce genre d'entreprise, ça reste effrayant.
Un petit extrait qui en dit long aussi sur ces fameux (et tous puissants : les bibliothèques en savent quelque chose) super éditeurs de contenus scientifiques qu'on pourrait croire scientifiquement inattaquables :
"Dans le document PowerPoint de gestion de crise, il est aussi question de publier un article sur le CIRC lui-même : « Comment il a été formé, comment il fonctionne, n’a pas évolué au fil du temps. Ils sont archaïques et désormais inutiles. » Le scientifique évoqué pour l’écrire n’a, depuis, rien publié sur la question.
Un article correspondant en tous points à ce cahier des charges hostile paraît en revanche en octobre 2016 dans une revue mineure. Le système de classification du CIRC, « devenu obsolète », « ne sert les intérêts ni de la science ni de la société », écrivent les dix auteurs. « C’est ainsi que la viande transformée peut se retrouver dans la même catégorie que le gaz moutarde. » L’approche du CIRC, assènent-ils, est à l’origine de « peurs sanitaires, de coûts économiques inutiles, de la perte de produits bénéfiques, de l’adoption de stratégies plus coûteuses pour la santé, du détournement des financements publics vers de la recherche inutile ».
Un ton très inhabituel pour une revue scientifique. C’est peut-être parce que Regulatory Toxicology and Pharmacology est une publication un peu particulière. Non seulement son comité éditorial compte pléthore d’industriels et de consultants, mais son rédacteur en chef, Gio Gori, est une figure historique de l’industrie du tabac.
Propriété du puissant groupe d’édition scientifique Elsevier, c’est la revue officielle d’une « société » prétendument savante, l’International Society of Regulatory Toxicology & Pharmacology (ISRTP). Aucune information n’étant disponible sur son site Internet, et ni M. Gori, ni l’ISRTP, ni Elsevier n’ayant répondu aux sollicitations du Monde, il n’a pas même été possible d’en identifier les responsables. Ses sources de financement, encore moins. Cependant, la dernière fois que l’ISRTP publiait la liste de ses sponsors, en 2008, elle en listait six. Parmi eux : Monsanto.
Quant aux dix auteurs de l’article eux-même, certains ont travaillé ou travaillent pour le groupe suisse Syngenta, membre de la « glyphosate task force » constituée par les industriels qui commercialisent des produits à base de glyphosate. D’autres sont consultants privés. Ces derniers, des scientifiques exerçant dans le milieu académique, participent aux activités de l’ILSI, l’organisation de lobbying scientifique. Parmi eux : Samuel Cohen, professeur d’oncologie à l’université du Nébraska, Alan Boobis, le coprésident du JMPR, et Angelo Moretto, le rapporteur du même JMPR…."
Et enfin, en lisant cette enquête, je n'ai pas pu m'empêcher de repenser à cet article hallucinant paru il y a un an, presque jour pour jour, dans le Figaro et écrit par un soit disant "amoureux des plantes (et des poisons, sans doute)" : http://www.lefigaro.fr/jardin/2016/06/10/30008-20160610ARTFIG00042-jardin-faut-il-faire-des-provisions-de-roundup.php