Amateurs de miniatures, passez votre chemin. Mais si vous aimez les surprises,
Oenothera missouriensis est fait pour vous
. Car des surprises, il va vous en réserver tout au long de l'été, puisqu'il fleurit de mai/juin jusqu'en septembre.
Première surprise : ses gros boutons floraux, de 5 à 6 cm de longueur, hauts-perchés, pointus comme des chapeaux de clown, d'un joli vert clair constellé de petites taches rouges, comme ceci :
Deuxième surprise : l'ouverture des boutons, dans l'air immobile du crépuscule. C'est un spectacle magique
, un instant rare où l'on se sent témoin du vivant : En l'espace de deux ou trois minutes vous assistez à l'éclosion : d'abord les sépales s'entrouvrent longitudinalement laissant apparaître un peu de couleur jaune. En une poignée de secondes, elles s'écartent et se rétractent, pour faire apparaître les quatre longs pétales enroulés sur eux-mêmes, tous fripés, laissant émerger en haut le stigmate en croix. Puis ces pétales se déroulent très vite, comme si le coeur de la fleur enflait, et la coupe jaune clair s'ouvre sous vos yeux. Toute la plante s'anime et les feuilles vibrent. Cela ressemble aux vidéos accélérées de «
L'Aventure des Plantes », sauf que ce n'est pas une vidéo et qu'il n'y a aucun montage... ! Le plus difficile est d'arriver pile à l'heure pour cette séquence, juste après le coucher du soleil.
Troisième surprise : les énormes fleurs, d'un diamètre de 7 cm
et de couleur jaune citron, qui se repèrent de loin lorsqu'il fait sombre et dont le nectar séduit les papillons de nuit. En effet de façon plutôt inattendue, celles-ci s'ouvrent seulement le soir et se fanent le lendemain dans la matinée. Heureusement elles se renouvellent chaque jour.
Quatrième surprise : les grandes capsules de graines, d'un vert-bleuté, côtelées, fixées à-même la tige rougeâtre, positionnées très en dessous de la fleur proprement dite, ce qui laisse imaginer la longueur du pistil :
Cette curiosité mérite bien une
petite grande place dans la rocaille. Son port est en effet rampant et elle aura tôt fait de recouvrir 60 cm².Mais cela ne pose pas de problème : Comme son feuillage est caduc, les bulbeuses de printemps pourront faire tout leur cycle végétatif à proximité avant que les vigoureuses tiges de l'
Oenothera ne les recouvrent.
Les nouvelles pousses, d'un rouge vif, sortent de terre vers fin mars : Les tiges se développent durant deux mois verticalement, puis se couchent sur le sol sous l'effet de leur propre poids et du feuillage dense qui les garnit, pour former une grosse touffe d'une vingtaine de centimètres de hauteur. D'ailleurs, le feuillage, le voilà : vert vif, elliptique, un peu coriace :
A l'automne, les tiges sèchent, les feuilles jaunissent et se détachent. J'en profite pour rabattre la plante. Il ne reste alors quasiment rien de la splendeur de la saison passée...
Côté soins, pas de grandes manœuvres à prévoir : parfaitement rustique l'hiver, du fait de ses origines en altitude (Monts et plateaux des USA : Missouri, Arkansas, Illinois, Tennessee, Wyoming, Nebraska, Kansas, Oklaoma, Texas). Parfaitement résistant au sec également (je ne l'arrose pratiquement jamais, bien qu'il soit exposé au soleil toute la journée). Il est tout de même vrai qu'une bonne pluie ou un arrosage favorise davantage la floraison. Par ailleurs, un sol ordinaire, même calcaire, bien drainé, riche en graviers lui suffiront. De plus, je ne lui ai jamais connu de maladies ni de parasites. Pour résumer, je dirais que c'est une plante de longue vie, puisque je possède celle-ci depuis 16 ans et qu'elle conserve encore toute sa vigueur et sa beauté
.
Elle appartient à la famille des
Onagraceae et se rencontre également sous le nom de genre
Oenothera macrocarpa. On la surnomme belle de nuit, herbe aux ânes, primevère du soir, jambon de Saint Antoine ou jambon du jardinier (ses racines cuites ressemblent, paraît-il à du jambon...) ; Et on la nomme dans les jardins anglais Missouri primrose, ou Bigfruit evening primrose.
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