Chers Démons et autres Esprits des jardins…Comme vous le savez, il y a des siècles que j'élève des animaux familiers humains, bien que ce soit une tâche fort ingrate à certains moments…
On a beau s'efforcer des bien les dresser et entraîner, inévitablement ils endommagent mes beaux jardins. Que ce soit en creusant ici et là à qui mieux mieux ou en malmenant mes beaux végétaux par des interventions aussi inappropriées qu'intempestives.
Bref, la vie n'est pas rose tous les jours.
Je jouis en revanche de nombreuses compensations.
Ainsi, la chaleureuse affection que me portent mes animaux familiers humains m'est devenue quasi indispensable et compense largement toutes les bêtises qu'ils font !
Que voulez-vous, quand on a une passion, on écoute plus son cœur que sa raison, je suis sûr que vous ne me contredirez pas sur ce point …
Ce qui m'amène aux sujets dont je voulais vous entretenir : le jardin et la passion !
J'ai oui-dire que plusieurs d'entre-vous auriez un intérêt non négligeable pour la culture des plantes alpines et que certains envisageraient même d'entraîner leurs animaux de compagnie humains à cette tâche. Si la chose est vraie, vous me voyez rempli de contentement, il est si rare de se retrouver ainsi en aussi belle communauté d'intérêts !
Ainsi et avec votre permission, je souhaiterais vous narrer mes expériences passées dans l'art du dressage des humains en vue de produire des jardiniers dignes de ce nom. Une technique qui va vous obliger à une discipline rigoureuse et une surveillance de tous les instants, je vous en préviens!
Mais lorsque l'on voit l'aboutissement de notre tâche, quelle béatitude c'est…
Aussi, soyez indulgents, chers esprits des jardins, car je ne vous cacherai ni mes succès ni mes échecs. D'ailleurs nos échecs ne sont-ils pas souvent, plus riches en enseignement, que nos réussites ?
Si je peux réussir à le faire comprendre à mon préféré, j'ai déjà fait un grand pas, mais je m'égare, pardonnez-moi !
Bien que certains d'entre vous ayez déjà entrepris le dressage de leurs humains, j'aimerai revenir aux principes de base, au profit bien sûr de ceux d'entre-vous qui débutent. Je commencerai donc cette série de chroniques, au chapitre « un » paragraphe « un » et alinéa « un »…
Bref, tout au début : la plante par la graine. Selon un procédé qui exclu, ou peu sans faut, toute erreur provenant de la main d'œuvre humaine encore inexpérimentée et avec un minimum de supervision de votre part!
Ha! je le savais, même les anciens sont intéressés ! Je n'en doutais pas un instant !
Première leçon : Que fait la nature ?Surtout, ne pas vous laisser raconter d'histoire, votre humain voudra placer les semences au frigo, au congélateur même, pour six à huit semaines. Certains voudront aussi créer des cycles de gel et de dégel. Ils vous proposeront également des moyens pour contrôler l'humidité et empêcher le dessèchement. Sans compter les petits coups de limes ou de papier de verre et autres fantaisies !
Je ne parle même pas de l'horreur suprême : le chimique !
D'ailleurs, je sais ce que vous devriez en penser…
Si votre familier humain vous le propose, refusez, au pire temporisez, tergiversez, éludez, je ne sais pas moi, mordez-le !
Faites comme vous l'entendez, pourvu que pour finir, ce soit un non
Un NON retentissantOn peut imiter la nature, c'est faisable, mais dans quel but ?
Plus de surveillance, plus de risques, plus de travail…peste soit des humains, rappelez-vous la leçon : que fait la nature ?
J'ai un contrat avec Dame-nature, c'est elle qui doit faire ce boulot. J'ai une entente notariée, j'ai tout içi, en noir sur blanc !
a) Primo, elle doit garder les semences au frais suffisamment longtemps pour abaisser le taux de l'hormone anti-germination sous le seuil critique et ce, avant le printemps.
b) Secundo, maintenir un taux d'humidité raisonnable en tout temps.
c) Tertio, elle doit, surtout en fin de saison produire des cycles de gel et dégel de sorte de briser les coquilles des semences les plus dures.
d) Quatrièmement, elle est tenue d'assurer un arrosage adéquat après le début de la germination.
e) Au surplus, elle s'assure d'une ventilation suffisante pour empêcher la fonte du semis et autres maladies fongiques.
f) Elle doit même constamment allonger les périodes d'éclairement au printemps pour les plantes sensibles à la photopériode…
C'est dire que tout prévu !
Notre seule obligation consiste à déposer les semences dans un milieu de culture idoine, vous conviendrez que j'ai négocié cette entente de main de maître…non ?
Ça nous permet donc, chers esprits des jardins, de passer immédiatement à la leçon suivante : C'est quoi, un milieu de culture adéquat
Les BiotopesLorsqu’on réfère à l’expression plantes alpines, ce qui nous vient immédiatement à l’esprit, c’est le nom de la chaîne de montagnes : les Alpes.
De très hauts sommets totalement dénudés et le plus souvent couverts de neige.
Contrairement à nos Laurentides, ces sommets ne sont pas plantés d’arbres, les conditions de vies y sont trop difficiles. Par contre, de petites plantes parviennent à y survivre et même à y prospérer. Notamment les Saxifragacés, (De Saxum=rocher et Fragere=briser). Ces broyeuses de roches poussent dans les fissures des rochers à très haute altitude, malgré des conditions très difficiles.
Le premier biotope, les fissures de rocher ; Les plantes croissent souvent sur des parois quasi verticales, où l’humus est pratiquement absent et où le drainage est, faut-il le préciser, maximal.
Le second biotope ; Plus bas sur la montagne, on va retrouver une région moins pentue ou s’est accumulé les rochers de toutes tailles provenant essentiellement de l’action des cycles de gel et de dégel des parois du sommet de la montagne. C’est la rocaille. Ici le milieu contient un peu plus d’humus et le drainage est un peu moins important
Le troisième biotope ; Tout en bas, mais, bien avant la limite de progression des arbres, on retrouve la prairie alpine ; le milieu le plus riche en humus, mais toujours constitué d’un important pourcentage de sable grossier et de gravillons. Les pentes sont encore très présentes et en conséquence le drainage reste important.
Nous remarquons donc, chers amis, que les plantes alpines vivent dans des conditions de drainage variant de très grand à absolu. Rappelez-vous-en, l’eau est requise, mais ne doit jamais stagner…
Les milieux de culture de RemplacementVous vous demandez si votre animal familier humain peut trouver des sacs de terreau pour plantes alpines dans les magasins? J’ai bien peur que non. Vous devrez le faire travailler un peu, mais si peu…
Voici ma petite recette maison, laquelle conviendra à la plupart des plantes alpines que peut élever un débutant ; vous utilisez d’abord du terreau standard en sac de 40 litres et ajoutez deux sacs (22,5 kg chacun) de sable vendu spécialement pour les filtreurs de piscines.
La proportion sera donc grosso modo de 1 kg de sable à filtreur pour 1 litre de terreau. Surtout, n’acceptez rien d’autre, les sables fins comme ceux utilisés pour le mortier ou le béton ne conviennent absolument pas. D’ailleurs, je vous autorise à châtier sévèrement votre humain s’il insiste pour prendre du sable de plage…vu ?
Il faut ensuite bien mélanger les deux matériaux à la pelle ou au malaxeur. Vous remplirez au ¾ des pots de plastiques standards de 3 ou 4 pouces. Préférez les modèles plus bas aux autres. Les plateaux doivent de préférence être renforcés, parce que le médium est beaucoup plus lourd qu’à l’habitude. Il se vend dans l’industrie des paniers en plastique ajourés destinés à cet usage.
J’insiste sur un point : le remplissage des pots se fera au ¾ du maximum…compris?
Maintenant, le plus difficile : vous devez trouver du gravier, 2 suggestions ; certains graviers pour aquarium ou le gravier vendu dans les coopératives et qu’on ajoute à la nourriture des poulet. La granulométrie idéale devrait être de 3/16 de pouce par grain, soit une valeur de tamis de 5 ou 6 mailles au pouce.
Vous verserez dans chacun des pots, suffisamment de ce gravier pour couvrir complètement sa surface, vous ne devez pas voir le médium se trouvant déjà dans les pots. Vous devriez avoir entre 1/8 et 1/4 de pouces de gravillons d’épaisseur. Cette couche va garder constamment le collet de la plante loin de l’eau. Une condition minimale pour une grande partie des plantes alpines que vous allez être amené à cultiver.
Bien sûr, certaines primevères alpines n’ont pas ce besoin, mais en ce cas l’uniformisation de notre milieu de culture ne sera pas nuisible pour autant.
Quand votre humain sera plus expérimenté nous pourrions varier nos milieux de culture, mais surtout ne plaçons pas la charrue devant les bœufs…
Surtout que dans une pente, c’est encore plus difficile
Semer, Identifier, InstallerIl faudra d’abord établir une liste de nos semis et vérifier si par hasard certains des taxons que votre humain s’est procurés ne demandent pas de conditions de cultures trop particulières.
Achetez des étiquettes et inscrivez un numéro en remplacement du nom sur la liste, les numéros sont plus faciles à lire, surtout après un an ou deux à l’extérieur. Exigez de votre humain qu’il inscrive le numéro du côté qui sera enfoui. Le soleil et les intempéries ne pourront ainsi décolorer l’encre, mieux encore, faites-lui utiliser un crayon à mine de plomb foncé, 2B ou 4B.
Le moment du semis est un moment d’une infinie délicatesse.
Les semences d'alpines sont souvent très fines, voire microscopiques et sont difficiles à manipuler. En plus, on doit se méfier au plus haut point des courant d'air.
On saupoudre sur les gravillons et on manipule dé-li-ca-te-ment
Après le semis, on arrosera légèrement avec une douchette très fine pour éviter de trop déplacer les semences ou compacter le média de culture.
Enfin, on va placer les plateaux à l'extérieur sous un simple grillage et attendre que la neige recouvre le tout. Au printemps vos premières alpines germeront toute seules, mais ceci fera l'objet d'une autre rubrique, bien sûr